William - « Rien ne sera plus jamais pareil »

William possède un lapin en peluche ayant appartenu à sa petite soeur. Il ne se souvient plus la raison pour laquelle il l'a gardé et surtout, la raison pour laquelle la peluche n'était pas dans la maison comme tout le reste, mais il ne pourrait désormais pas s'en séparer. La peluche traînait sur la balançoire de bébé d'Eve. Il possède également une guitare, même s'il n'a pas joué depuis plusieurs années. Ça ne se perd pas, il paraît, mais Will' n'a tout simplement pas le temps ni l'envie d'en jouer de nouveau. Des tonnes de livres de biologie et de médecine trônent un peu partout dans sa chambre et il doit avouer qu'il en mange, tout simplement. Il ne possède pas beaucoup de romans dans sa bibliothèque, n'étant pas un gros lecteur. Il a toutefois quelques thrillers de Robin Cook et de Stephen King. Il a également un pett mouchoir ayant appartenu à Nicky. Elle l'a oublié, une fois, et il n'a jamais eu le courage de lui rendre. Depuis la disparition de la vampire, ce petit bout de tissu lui a été très utile afin de se calmer un peu les nerfs. Il le renifle, le sert contre lui et espère qu'elle reviendra.

William n'a aucune arme. Il sait où son père adoptif cache les siennes, mais n'en a aucune qui lui appartient. Il sait tirer, très bien même, ayant souvent pris part à des parties de chasse. Mais tuer un cerf sans défense n'est certainement pas la même chose que refiler une balle dans la tête d'un homme. Il ne se croit pas en danger et ne pense pas que trimbaler une arme avec lui soit réellement ce qui puisse l'aider en cas de problème. Il connaît l'existence des vampires et ne croit pas qu'une balle puisse venir à bout d'eux. Naïf? Non. Il est en confiance voilà tout. Il sait se défendre à mains nues, mais est conscient qu'il ne pourrait rien faire contre un être surnaturel. Tant pis. On doit tous mourir un jour. Il a une folle tendance à se mettre les pieds dans les plats, surtout avec les buveurs de sang, mais ce n'est pas une arme qui va le sauver.

William possède une Saturn Sky Roadster et il l'adore. En fait, c'est sans doute l'une de ses possessions à laquelle il tient le plus. Rapide, élégante, elle est tout simplement parfaite. Il l'a prise grise, afin de ne pas se fondre dans le décor tout en conduisant un style de voiture qui ne se fait pas remarquer de premier abord, du moins, quand elle est prise dans le trafic. C'est évident qu'il a fait sensation au départ, lorsqu'il est arrivé au volant de sa Saturn à l'université pour la première fois, mais depuis, le vent s'est calmé et il passe un peu plus inaperçu. Il n'est pas du genre à faire crier ses pneus pour qu'on le remarque, donc il s'en tire bien comme ça. Ses parents adoptifs l'ont aidé à payer, à la condition qu'il rembourse par après, puisque cette voiture n'était qu'un luxe supplémentaire dont il n'avait pas nécessairement besoin. Il l'a achetée d'occasion, même si elle ressemblait à s'y méprendre à une voiture complètement neuve, les anciens propriétaires la gardant presque comme trophée vu qu'ils s'étaient acheté une Aston Martin. La petite Saturn n'avait donc plus aucun intérêt pour eux s'ils désiraient montrer leur richesse. William a donc profité d'un bon prix tout en ayant à peine 6000 kilomètres au compteur. Il en prend grand soin depuis maintenant un an et demi.

« C'est pas ma faute. »
« Bien sûr, William, ce n'est jamais ta faute. »
« Je vous le jure! Il m'a insulté, je l'ai poussé. Il est tombé. C'est comme ça que ça s'est passé. »
« Michael? Qu'est-ce qui s'est passé? »
« Comme il dit, madame... Je lui ai dit qu'il ne trouverait jamais de famille parce qu'il est trop grand. »
« ... »

L'éducatrice se mordit la lèvre sans rien dire. Elle savait pertinemment que plus les enfants vieillissaient, moins ils risquaient de trouver une famille. Quels parents voudraient d'un petit garçon déjà âgé de neuf ans? Personne. Ça arrivait, bien sûr, mais c'était rare. William le savait, lui aussi. Il savait qu'il risquait de passer sa vie entière ici et Michael avait mis le doigt sur le bobo. En plein dessus. Le petit Michael avait quatre ans, il n'avait pas encore passé la barre des cinq ans, l'âge où les enfants devenaient moins intéressants pour les parents potentiels. Le genou de Michael fut soigné sans qu'aucun mot ne soit échangé. William et Michael furent punis, tous les deux, et durent faire la paix. William disparut bien vite dans son dortoir et s'affala sur le lit qui lui était réservé depuis quelques mois déjà. Il enfouit sa tête contre l'oreiller et se mit à pleurer comme jamais il n'avait pleuré. Même la mort de sa famille ne lui avait pas causé autant de peine. Il se rendait compte, là, maintenant, avec la simple intervention d'un gamin de deux ans son cadet que sa vie était finie.

Ce fut une main sur son épaule qui le fit sursauter et se redresser alors que ses mains essuyaient vivement ses yeux pleins de larmes. Maddyson était grimpée sur son lit et le serrait maintenant dans ses bras. La fillette, âgée de six ans et demi, avait aussitôt fait de William son ami. Le jeune garçon avait d'abord été distant avec elle, mais il avait finit par accepter son approche. Les boucles blondes de la fillette lui donnaient l'air d'un ange. Elle était une habituée de l'orphelinat, elle y était depuis qu'elle n'était qu'un tout petit bébé. Elle avait été recueillie à l'église alors que sa mère, trop jeune pour s'en occuper, l'y avait laissée comme un vulgaire sac de patates pourries. L'orphelinat était sa famille, la seule qu'elle ait connue et chaque fois que des gens venaient pour une visite, afin d'adopter un enfant, elle se cachait. William avait tenté de la trouver, une fois, mais elle était hors de vue. Elle était punie pour ça, mais elle s'en fichait. La fillette, déjà, avait un fort caractère et têtue comme elle était, elle ne faisait que ce qu'elle voulait.

« Tu sais... On est bien mieux, ici. »
« Comment tu peux dire ça? Tu n'aimerais pas ça, avoir des parents qui s'occupent de toi? Une chambre juste pour toi? Faire des sorties avec eux? Manger quand tu veux? »
« Tu ne comprends pas. C'est pas pareil! Ce ne seront jamais tes vrais parents! Jamais, Willy! »
« Je m'en fiche. Des parents qui n'aiment pas leurs enfants, ça n'existe pas. Sinon, ils n'en auraient pas. »
« Non, Willy! Non! Ça existe! »

La petite fille avait maintenant les larmes aux yeux alors que William se rendait compte qu'il venait de dire quelque chose de blessant. Maddyson avait posé beaucoup de questions sur sa famille et les éducatrices avaient finis par lui dire ce qui s'était passé, en rendant plus belle la triste réalité, toutefois. Ce fut le tour de William de serrer fort la petite fille dans ses bras. Il ferma les yeux en respirant le parfum appaisant que dégageait Maddy. Sans doute avait-elle lavé ses cheveux aujourd'hui.

William la chatouilla un peu afin de lui rendre son sourire et la fillette se jeta sur le lit en riant alors qu'il l'y rejoignait. Ils s'endormirent ainsi, enlassés. Ce ne fut que lorsque des voix nouvelles s'élevèrent dans le dortoir que William se réveilla en sursaut. Maddy ne devait pas être ici! Elle allait encore se faire gronder! Pourtant, le sourire de l'éducatrice lui apparut comme étant révélateur. Il fronça les sourcils et se recula contre la tête de son lit, Maddyson se frottant encore les yeux. Un couple accompagnait la jeune femme et William ouvrit la bouche, comme pour parler, demeurant muet toutefois.

« C'est notre petit William. C'est un jeune garçon plein d'entrain qui semble un peu effarouché, mais ça lui passe vite, vous verrez! »
« Qui c'est? Eux? »
« Maddy... Je te l'ai dis plein de fois, ma puce. Tu ne dois pas venir ici. Ton lit est dans l'autre aile. Viens, là. » fit aussitôt l'éducatrice en tendant les bras à la fillette qui s'y blottit à regret. « William, je te présente Joelle et Steven. »
« Qui c'est? Eux? » répéta-t-il d'une toute petite voix.
« Ils veulent adopter un enfant, William. Ils ne peuvent pas avoir ... »
« Non! Willy, non! Tu peux pas! Ce ne sera jamais pareil! Plus jamais, Willy! Tu ne peux pas! Ils ne remplaceront jamais ta famille, tu peux pas! »

Un regard. Il ne fallut qu'un regard de l'éducatrice pour faire taire la fillette. D'ailleurs, elle fut rapidement remise sur ses pieds et courut se réfugier ailleurs, hors du champ de vision de William qui se retrouvait désormais en compagnie de trois adultes. Le couple avait fait son choix. William. L'enfant semblait terrorisé, mais pourtant heureux de trouver une famille pour lui. Ils n'avaient pas résisté à la bouille énergique du gamin et même s'ils étaient venus ici dans l'espoir d'adopter un bébé ou même, un enfant de trois ou quatre ans, ils changèrent d'idée. William n'eut que le temps de se retourner une dernière fois pour apercevoir les boucles blondes et les yeux bleus de Maddyson à travers les barreaux de l'escalier. Les papiers avaient été signés, tout était en ordre. William serrait contre lui un lapin en peluche ayant appartenu à sa petite soeur et n'avait rien d'autre à emporter. Apparemment, il n'y avait aucun problème; sa famille semblait avoir beaucoup d'argent. L'enfant tenait fermement les mains de Joelle et de Steven alors que d'autres paires de yeux particulièrement envieux le regardaient partir du haut des marches.

William ne dit pas un mot de tout le trajet en voiture et d'ailleurs, s'ils ne l'avaient pas entendu dire quelques mots alors qu'ils étaient dans le dortoir, ils auraient pu le croire muet. Il l'était. Muet d'étonnement. Muet de surprise et d'anxiété. Les derniers mots de Maddy résonaient encore dans sa tête et il fut stupéfait lorsque la voiture s'arrêta devant une belle et grande maison. De ses yeux de petit garçon, elle ressemblait à s'y méprendre à un château. Steven voulut prendre la peluche pour lui libérer les mains, mais William la garda contre lui alors que l'homme n'insistait pas. Ils étaient loin d'être millionaires, mais ils vivaient très confortablement. Steven était un médecin réputé malgré ses quelques années de pratique seulement alors que Joelle était psychologue de formation. Elle avait préféré travailler à domicile et se déplaçait afin de rendre visite à ses clients. Elle aurait donc plus de temps à mettre à disposition de William afin qu'il se sente chez soi. Elle lui montra sa chambre et lui fit faire un tour détaillé de la maison. La cour arrière était jolie, une piscine creusée y prendrait bientôt place alors que le trou avait déjà été fait. Décidément, William savait qu'il pourrait se plaire ici.

En manque. Décidément, il était en manque et ce, depuis de nombreuses journées. Pénible et douloureux. Il s'était rendu où ils se rencontraient la plupart du temps, elle n'y était pas. Il avait essayé de la rejoindre de toutes les façons possibles, il n'y arrivait pas. Il n'y avait qu'une seule raison valable: elle était partie. Sans lui dire au revoir qui plus est. Sans lui laisser le temps de faire son deuil. Il était accro. Réellement accro. Il aurait besoin de temps pour s'en remettre, mais il avait besoin de sa drogue. Et Nicky ne pouvait plus la lui fournir. Will' passa une main dans ses cheveux et s'assit un instant sur le sofa du salon, tentant de calmer sa respiration soudain haletante. Sa tête balança en arrière alors que ses doigts glissaient nonchalamment sur les petites marques dans son cou, souvent cachées par son chandail, qui témoignaient des activités auxquelles il s'adonnait. Il ferma les yeux en se mordant la lèvre, appuyant sur son cou comme s'il pouvait désormais sentir le corps de Nicky contre le sien et sa bouche contre son cou alors qu'elle lui prenait un peu de son sang. Ce n'était pas bien grave; il n'en avait pas besoin d'autant. Ses globules se régénéreraient, il n'y avait aucun doute là-dessus. Et la pression qu'il exerçait contre son cou était tellement forte qu'il en avait mal. Il la revoyait s'avancer vers lui alors qu'il attendait leurs retrouvailles avec tellement d'impatience. Encore une fois, il avait dû fermer son téléphone afin de ne pas répondre aux interrogations de Kira qui lui proposait une sortie ce soir-là. Il avait autre chose à faire. Mieux à faire. Il revoyait Nicky poser ses mains sur son torse, autour de son cou, ses lèvres glisser sur sa peau afin de le mordre, encore une fois. Ça lui manquait. Douloureusement.

« Will? Chéri, tout va bien? »
« Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qui se... » fit-il aussitôt en sortant de sa torpeur. Se rendant compte de sa main toujours plaquée contre son cou, il la retira vivement.
« Tu n'as pas l'air d'aller. Tout va bien? »
« Oui, oui. Ne t'inquiète pas pour ça. La fatigue, je crois. Je vais... monter me reposer. J'ai des examens qui s'en viennent. »
« C'est d'accord. Je t'appelerai quand le repas sera prêt. »
« Je ne vais pas manger ici. J'ai un rendez-vous ce soir. »
« Oh! Avec une fille? » demanda aussitôt Joelle en affichant un grand sourire.
« Ça se pourrait bien. »
« C'est ce qui te rend aussi nerveux, mon grand! Il ne faut pas chercher plus loin! Elle s'appelle comment? »
« Je te dirai si ça se passe bien! Je dois vraiment dormir un peu... »
« D'accord. Préviens-moi quand tu pars! » fit-elle alors qu'il avait déjà grimpé la première volée de marche.

William poussa la porte de sa chambre et la referma sans bruit avant de se diriger vers sa commode. Il ouvrit l'un des tiroirs et souleva une pile de vêtements avant de trouver ce qu'il cherchait. Une petite boîte en métal. Ses mains tremblaient alors qu'il en retirait le couvercle, tentant de contrôler sa hâte. Le petit mouchoir y était toujours et William ferma les yeux de bonheur. Depuis que Nicky était partie, il avait besoin de la sentir près de lui et c'était le seul moyen qu'il avait trouvé, mais qui, du même coup, lui faisait un mal atroce. Il ne pouvait pas faire un pas vers l'oubli en revenant toujours vers ce petit mouchoir qu'il lui avait dérobé. Il ne pouvait tout simplement pas le jeter; il n'en avait pas le courage. Il le saisit entre ses doigts, apprécia l'effluve qui s'en dégageait encore et le glissa de nouveau dans la petite boîte en refermant le couvercle, ne voulant pas le laisser trop longtemps sortit de peur que le parfum ne s'échappe. Il rangea le tout dans son tiroir, un peu plus apaisé. Toutefois, il devait retourner, encore une fois, à leur lieu de rendez-vous. Il n'avait pas le choix. Il devait obligatoirement y retourner s'il voulait avoir une infime chance de l'y retrouver. Il poussa un soupir et s'étendit sur son lit un moment, décidé à faire une sieste. Ça lui ferait du bien et Nicky était souvent dans ses songes ces temps-ci. Il en avait besoin.

Lorsqu'il se réveilla, la nuit était tombée. Le moment idéal. Il sortit donc de sa chambre puis de la maison en veillant à crier qu'il partait. Il n'avait rien amené, sachant que ce ne serait pas nécessaire. Il marcha longtemps dans la nuit, veillant à ne pas emprunter les rues trop fréquentées afin de ne pas croiser quelqu'un qu'il connaissait. Lorsqu'il arriva à leur point de rencontre habituel, la surprise s'empara de lui lorsqu'il y découvrit une silhouette. Il ne pouvait pas savoir qui c'était dans l'ombre des arbres, malgré la clarté de la lune, mais il sentit son coeur s'accélérer, Personne ne venait jamais ici. Il se mit presque à courir vers la silhouette qu'il croyait celle de Nicky, mais s'arrêta lorsqu'il comprit de qui il s'agissait. Il se stoppa net, la bouche légèrement entrouverte, passant une main dans ses cheveux, signe de nervosité. Merde. Matthew. Pourquoi fallait-il qu'il tombe sur lui? Il s'était mis dans la tête de retrouver Nicky, mais jamais il n'avait pensé que Matthew puisse revenir la chercher également. Instinctivement, il glissa ses doigts contre sa marque, fermant les yeux une fraction de seconde afin de reprendre contenance.

« Matthew. »
« T'es revenu pour elle, c'est ça? T'as pas compris qu'elle a joué avec toi? »
« T'as de ces nouvelles...? » demanda William dans un murmure en baissant les yeux face au regard insistant du vampire.
« Non. Mais elle t'a laissé tomber. Toi... Toi, t'es rien. » fit-il sur un ton de dégoût.
« C'est ce que tu crois? Que je suis un simple petit humain insignifiant? C'est ça? Va te faire foutre, Matthew! On a partagé bien plus de choses que tu ne pourras jamais t'imaginer. Tu m'entends? JAMAIS! »
« C'est presque triste. Explique-moi pourquoi elle est partie, alors. Si elle était tellement attachée à toi... Explique-le moi... »

William ne sut pas si c'était le ton sarcastique du vampire qui le fit frissoner ou si c'étaient les quelques pas qui lui avaient permis de se rapprocher de lui davantage. Il pouvait presque sentir sur sa peau la caresse du vampire et il n'avait pas de mal à imaginer Nicky à la place de l'autre. Non, aucun mal. Il lui suffisait de fermer les yeux et de se laisser à toutes ces sensations qui lui revenaient lorsqu'ils étaient tous les deux. Le vampire était tout près, William pouvait sentir son souffle et pourtant, il avait fermé les yeux, comme pour se rappeler. Ses poings s'étaient serrés tellement le besoin s'était fait ressentir. Il devait être mordu. Il le devait, c'était une obsession. L'attente était interminable. Il devait se faire violence afin de demeurer le plus calme possible. Il avait presque instinctivement dégagé son cou afin de l'offrir en pâture au buveur de sang, mais il ne s'était pas attendu à ce que la douleur fusse aussi fulgurante. Elle lui arracha un gémissement alors que sa respiration était redevenue haletante. Il ne fit pourtant aucun geste, laissant le vampire s'abreuver de son sang en espérant qu'il aurait la force de ne pas l'en vider. Lorsque la morsure se fit plus intense, lorsqu'il comprit que c'était finit et que l'autre en avait eu assez, William prit quelques minutes afin de se ressaisir. Il en voulait encore. Pourtant, il savait qu'il allait mourir si Matthew le vidait de son sang.

Le vampire s'était éloigné de quelques pas. La respiration de William peinait à retrouver un rythme normal et lorsqu'il ouvrit les yeux, le sourire amusé et supérieur du vampire lui fit face. Il passa ses doigts dans son cou afin de toucher le sang qui le maculait encore et ramena ses doigts devant ses yeux, comme pétrifié par ce qui venait de se passer. Il se sentait mieux, désormais. Matthew s'était éloigné alors que William faisait un pas vers lui.

« On se reverra. »

Il s'évanouit entre les arbres alors que William demeurait là où il était, incapable de faire un pas de plus. On aurait dit que le vampire savait que Will' finirait par revenir vers lui. Il lui avait donné ce qu'il voulait pour une seule raison et même si William la connaissait, il s'en fichait. Il avait désormais trouvé le vampire qui lui fallait. Son vampire. Sa respiration s'était appaisée, tout son coeur brûlait maintenant d'une nouvelle flamme. Il bougea un peu la tête afin de chasser la morsure cuisante dans sa chair, et comprit qu'il devait rapidement la nettoyer s'il ne voulait pas qu'on s'aperçoive de sa folie. La nuit pourrait la masquer, mais la douceur des flammes dansant dans la cheminée ne pourraient pas en faire autant. Il n'aurait qu'à s'arrêter à la fontaine en chemin. En espérant qu'il n'y aurait personne...